Petite histoire des canuts - partie 1
Naissance et développement de la Fabrique lyonnaise
Louis XI en a rêvé en 1466… François 1er l’a réalisé... en
1536.
La soierie est officiellement implantée à Lyon sous l’impulsion de
François Ier (après la première tentative infructueuse de
Louis XI) : les premiers ateliers de production « d’étoffes d’or,
d’argent et de soie » empruntent beaucoup aux Italiens très
présents à Lyon depuis la Renaissance dans les foires et les
banques. Mais là, le tissage de la soie à Lyon débute dès 1536,
sous l’impulsion de Turquet et Naris, artisans tisseurs piémontais
installés à Lyon.
Ainsi, petite ville au Moyen-Âge, Lyon grandit à partir de la
Renaissance (15ème et 16ème siècles) en passant de 30 000 à 100
000 habitants, tandis que la soierie s’installe.
Au 17ème, la “Grande Fabrique” est mise en place. Cette
organisation originale (manufacture dispersée) regroupe :
- Les maîtres tisseurs (Canuts), qui tissent sur leurs propres
métiers.
- Les marchands-fabricants (Soyeux), qui reçoivent les commandes,
fournissent la matière première et le dessin aux canuts.
Pendant les deux siècles de stabilité qui suivent (17ème et
18ème), 15000 métiers à tisser occupent 40 % des travailleurs de
la ville.
Entre 300 et 400 marchands-fabricants font la réputation de la
soierie lyonnaise, qui s’impose dans toute l’Europe, notamment par
les perfectionnements techniques de Dangon en 1610 (métier “à la
tire”).
Le talent des quelque 80 dessinateurs de la ville, entre autres :
Revel, Pillement et le célèbre Philippe de Lassalle, font de Lyon
une capitale européenne de la soie à la fin du 18ème siècle.
La Révolution de 1789 est un désastre, et la ville souffre du
manque de commandes de la noblesse et du clergé. Des soyeux
émigrent vers la Suisse ou l'Allemagne.
Quelques années plus tard, les conditions redeviennent favorables
grâce à l’impulsion donnée par Napoléon 1er, qui veut décorer ses
palais, habiller sa cour, et soutient la mise au point de la
mécanique Jacquard.
Les tisseurs, jusque-là, sont installés dans le Vieux-Lyon et dans
la presqu'île, où ils manquent d’espace et de lumière.
Dès 1812 commence la construction du quartier de la Croix
Rousse, nouveau quartier, bien caractéristique, destiné à
recevoir les ateliers de tissage. Il offre beaucoup d’avantages :
- la Croix Rousse est proche du quartier des Terreaux, où
travaille la plupart des marchands-fabricants
- le quartier dispose de terrains vierges, aux mains d’une
bourgeoisie qui a tiré profit de la Révolution
- la colline dispose d'un air réputé pur
- les impôts y sont presque inexistants (pas d’octroi)
L’architecture est fonctionnelle et robuste, avec de grandes
fenêtres (pour la lumière) et un vaste espace sous plafond
(4 mètres de hauteur en moyenne), afin d’y installer les métiers à
tisser.